Voilà un vaste débat pour lequel je trouve qu’un petit article ne serait pas de trop.
On a généralement une vague idée du sexe du bébé lors de la consultation du 4ème mois, qui est ensuite confirmée lors de l’écho morpho des 22 semaines. Certains parents décident de tout annoncer à leur entourage, d’autres ne donnent que quelques informations. Quelles sont les motivations qui nous poussent parfois à garder secret le prénom du bébé à notre entourage ?
La grossesse est déjà surmédicalisée, de la conception à l’accouchement.
A mesure que la médecine avance et que les avancées technologiques sont de plus en plus impressionnantes, on sait déjà tout d’un enfant avant qu’il ne soit né. Tout commence avec une prise de sang, qui permet d’avoir une bonne idée de la date de conception du bébé et parfois du nombre d’embryons présents.
Puis arrivent les rendez-vous gynécologiques, lors desquels bébé est examiné sous toutes les coutures : au premier trimestre, on peut savoir s’il s’agit effectivement d’une grossesse et pas d’un œuf clair, la présence ou non de la vésicule vitelline, la position du sac, la taille et la vitalité du/des embryon(s), le nombre de pulsation par minute ; trois mois plus tard, la date de l’accouchement se précise, on mesure la circonférence du crâne de bébé, sa longueur crânio-caudale (longueur tête-fesses), sa longueur fémorale, son périmètre abdominal, son diamètre bipariétal (diamètre séparant les deux côtés du crâne), même l’os de son petit nez y passe ! Sans oublier la fameuse clarté nucale, qui permettra, avec une prise de sang, d’écarter tout risque de trisomie.
Lors de l’écho morphologique, on prend les mêmes critères et on recommence ! Cette fois-ci on va plus loin, on regarde en plus si le sang circule bien dans le cordon, si le placenta est bien placé, si bébé ne présente pas de malformations cardiaques, neurologiques ou génitales, s’il n’a pas de main bote ou de pied bot. Et si bébé est bien placé, on peut même le voir en 3D. Que demande le peuple ?
Il s’agit de moments assez stressants pour les parents qui réalisent que ce n’est pas parce qu’ils ont déjà parcouru la moitié du chemin qu’ils auront leur bébé dans les bras d’ici quelques mois.
Un peu de mystère ne va nuire à personne
Lorsque bébé réussit l’étape de l’échographie, ses parents peuvent communiquer quelques informations à la famille, dont le sexe de la bête, et parfois des photos. Ils peuvent aussi simplement dire que tout va bien, sans rien ajouter. Ils ne sont pas obligés de le faire, ils le font pour faire plaisir. Il ne faut pas oublier que la grossesse, c’est avant tout une aventure à deux, tout comme le retour à la maison se fera à trois et non à 25.
Si on sait que bébé Mireille va arriver le 14 juillet, ça gâche un peu l’effet de surprise. Personnellement, j’attends avec plus d’impatience les naissances dont je ne sais rien. L’une de mes amies a presque le même terme que moi, à quelques jours près et elle ne veut pas nous révéler le sexe du bébé, encore moins son prénom, du coup je trouve ça encore plus excitant.
Ne pas vouloir nommer un bébé avant sa naissance
Comme je l’ai dit plus haut, ce n’est pas parce que le ventre grossit que bébé est tiré d’affaire. Par superstition et/ou par expérience, je ne veux pas nommer oralement mon bébé. J’avais déjà choisi mes prénoms pour ma première grossesse, et puis au bout de 10 semaines tout s’est arrêté d’un coup, alors que bébé allait très bien quelques jours auparavant. Trop petit pour savoir si c’était un garçon ou une fille, on a décidé de lui donner un sexe et un prénom, mais un prénom symbolique, pas l’un de ceux que j’avais choisis. Et ce prénom, on le garde pour nous parce qu’il est personnel et qu’on ne ressent ni le besoin ni l’envie de le partager. Les autres n’ont pas à le connaître et ne doivent pas chercher à le connaître.
Pour cette grossesse, c’est exactement pareil. Je ne vois pas pourquoi je devrais parler de mon ventre en lui donnant un prénom et je supporterais encore moins que quelqu’un d’autre que le papa le fasse. Et surtout, je ne veux pas lui donner trop d’identité alors qu’il n’est pas encore parmi nous. S’il arrivait malheur à votre bébé, qu’est-ce que ça vous ferait de voir son prénom mourir avec lui ?
Quand on parle de mon bébé avec des amies, c’est « la princesse », « la petite », « la petite demoiselle », « la puce », « Louloute » ou plus sobrement « bébé » et c’est déjà suffisant.
Parce qu’on ne veut pas se laisser influencer par l’entourage
Un prénom doit être un coup de cœur, et il est parfois difficile à trouver. C’est déjà énorme que les parents aient réussi à se mettre d’accord entre eux et ils n’ont pas à composer avec les commentaires des autres.
Quand j’ai su que j’attendais une petite fille, je suis allée chez Catimini et on a parlé prénoms avec la vendeuse. Elle m’a conseillée de le garder pour nous et nous a raconté qu’elle avait voulu prénommer l’un de ses garçons Camille, en référence à un petit camarade qu’elle avait dans son enfance, un gars super, bref elle avait craqué sur ce prénom. Ses proches l’ont su et à force de s’acharner sur elle, son petit Camille est finalement devenu Victor.
Quel que soit le prénom que choisi, il ne fera jamais l’unanimité. Il y en aura toujours qui auront leur mot à dire : le prénom est trop classique, trop original, trop à la mode, trop ancien, trop typé, trop religieux, trop long, trop court…en un mot, trop. Tu ne vas quand même pas l’appeler comme ça voyons ! Le pauvre, il a intérêt à avoir un sacré caractère plus tard ! Tu veux l’appeler Séphora, comme la chaîne de magasins ? Et alors, pourquoi Séphora devrait se faire tacler et pas Arthur, c’est pas une marque de caleçons peut-être ? Si vous appelez votre enfant Léon, je ne chercherai pas à savoir si c’est parce que vous aimez les moules ou parce que vous êtes fan de Jean Reno.
Bref, chacun y va de son commentaire et quand on est enceinte, on n’a pas forcément envie d’entendre ce genre de choses. Alors pour éviter d’avoir des remarques désagréables pendant les 4 ou 5 derniers mois et de s’énerver dans une période où la moutarde peut mettre des jours à redescendre, on peut légitimement décider de garder son prénom pour soi. Après tout, ça ne regarde pas spécialement les gens autour de nous. Des tas de personnes se font influencer par leur entourage et changent finalement de prénom. Je trouve ça triste de voir un coup de cœur s’envoler à cause de l’importance qu’on accorde à l’avis des autres, pas vous ?
De plus, garder le prénom secret jusqu’au jour J présente un avantage indéniable : que le prénom plaise ou non, les gens n’oseront rien dire lors de leur visite à la maternité. Bébé sera là, avec sa bouille et son prénom, il faudra bien s’habituer.
On a tous le droit de changer d’avis
Il y a toujours des parents indécis qui hésiteront jusqu’au dernier moment et qui ne trouveront le prénom qu’en voyant la bouille de bébé. Ce n’est pas la majorité mais ça arrive parfois. Dans ces cas-là, on risque d’avoir toute la famille sur le dos, avec des Ah mais c’est pas comme ça que c’était prévu, moi j’ai déjà brodé le bavoir et le doudou avec ce prénom-là ! ou encore Vous auriez pu prévenir quand même. Donc si la famille s’est projetée un peu vite et que la petite Claudia est devenue Claudine, c’est bien dommage mais ça n’est pas le problème des parents.
Parce que ce n’est pas ça le plus important
L’intérêt de la naissance, le côté « magique », c’est la venue de l’enfant : est-ce que l’accouchement s’est bien passé ? Comment va la maman ? Bébé est-il en bonne santé ? Est-ce qu’il a des cheveux ? De quelle couleur sont ses yeux ? A qui ressemble-t-il le plus ? Pour le coup, le prénom n’est pas la priorité.
Certes, connaître le prénom à l’avance ne va pas changer la vie de l’entourage, d’aucuns diront même que les parents qui font des cachotteries sont ridicules, narcissiques ou égocentriques. Question de point de vue. Mais quand on voit que certains font une fixation là-dessus et reviennent régulièrement à la charge pour avoir des indices, quitte à gâcher la surprise que les parents voulaient faire…
Le prénom est à la fois la cerise sur le gâteau et un détail sans importance mais on n’a pas forcément envie que ce sujet revienne sur le tapis tous les jours. Vous voulez savoir quelles notes vous avez obtenu à votre bac, vous attendez les résultats, vous n’allez pas essayer de retrouver vos correcteurs pour leur tirer les vers du nez.
On pourrait retourner la question initiale : pourquoi partager le sexe et le nom du bébé avant la naissance ? Quelles sont les motivations ? A croire qu’aujourd’hui, ça paraît une obligation de tout révéler. En fait, les gens font bien ce qu’ils veulent et n’ont pas à se justifier…